• 25 janvier 1915

    25 Janvier

    Par le tramway à vapeur je vais aux Montils, vérifier les travaux de M. le Docteur Corby. Je reviens par le tramway électrique, avec un bouquet de perce-neige. Les premières fleurs ! Les talus du parc en sont tout émaillés et les milliers de petites fleurs qui – timidement – montrent leurs corolles blanches et immaculées annoncent la seconde moitié de l’hiver. Elles précèdent les violettes et celles-ci annoncent les beaux jours !...

     

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    Chromolithographie chocolat Poulain.- 71 Fi 42. AD41

     

    Comme ces idéales fleurs délassent des atrocités de la guerre ! Comme, en y réfléchissant, il est facile de voir la supériorité des animaux et des végétaux sur l’homme prétendu intelligent et civilisé. Voit-on les animaux se faire la guerre aussi atrocement qu’à la guerre actuelle, où les hommes se ruent les uns contre les autres ! Voit-on le perce-neige dévorer la modeste violette ! Tout est mystère dans la vie, et la prétendue supériorité de l’homme n’est réelle que reconnue et proclamée par l’homme lui-même.

    Une bataille navale se livre dans la mer du nord, entre une escadre anglaise et une escadre allemande. Cette dernière surprise par l’escadre anglaise, au moment où elle filait, vers les côtes de l’Angleterre, commettre quelque mauvais coup, s’empressa de rebrousser chemin et – prudente – de prendre « la poudre d’escampette ». Mais les unités anglaises « Lion, Tiger, Princess Royal, New-Zealand, Indomitable » filèrent de tous leurs nœuds et bientôt les cuirassés allemands « Derflinger, Moltke, Seydlitz, Blücher » apprirent, à leurs dépens, à faire connaissance avec les obus du Roi Georges ; tant est si bien que, bientôt, « le Blücher » fut coulé (avec 885 hommes) – 123 furent sauvés, tandis que les autres furent sérieusement avariés. Le combat cessa à l’arrivée des unités dans la zone parsemée de mines explosives ; mais la flotte britannique, après le bon travail fait, dût se promettre de recommencer une autre fois et de terminer la colossale raclée donnée aux Allemands. En attendant « le Blücher » repose par plusieurs centaines de mètres de fond.