Accueil Centenaire 1914-1918 Le Journal quotidien de Paul Legendre (1914-1915) Février 1915 22 et 23 février 1915
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22 et 23 février 1915
22 Février et 23 Février
L’Allemagne ayant décrété et signifié le blocus des côtes anglaises et françaises (quelle audace !) – même aux puissances neutres – elle coule – pour commencer – un vapeur Norvégien, un transport Américain, un bâtiment anglais. Décidément ces Allemands ont tous les toupets ! À quoi sert le blocus que notre flotte franco-anglaise fait autour des côtes allemandes ? Je me le demande. En vérité nos ennemis – il faut le reconnaître – sont très audacieux, ce qui double leur force.
Je vais ce soir à l’ambulance. La salle 3 est presque déserte ! 6 lits, sur 12 lits, sont vides. C’est plus triste ! Dargent est parti pour le château de Chitenay, Pinard et Alric sont partis pour le château de Chaumont-sur-Loire. Mais, comme la salle est triste, ainsi dégarnie ! Je la préfère bien remplie !
Ce n’est pas à souhaiter cependant, hélas ! Il ne reste plus que mon petit Charles, Mêmereau, Branché[1], Manière[2] (qui s’en va demain mardi, pour le dépôt de Romorantin), Amouroux[3], et Vandaël[4].
Tous, ne vont pas trop mal et la nuit se passe bonne, mais froide. Je rentre après 8 h 1/2.
Je reçois la lettre suivante du Docteur Ansaloni, en réponse à la mienne :
« 21 février 1915
Cher Monsieur
Bien en retard pour répondre à votre aimable lettre, je vous prie de m’excuser.
Je suis heureux de la guérison de votre protégé Viard et vous remercie de votre générosité à son égard. Si vous voulez bien, au lieu de vous le donner en sortie aujourd’hui dimanche, je vous le donnerai à votre choix, mercredi ou jeudi. Je crains qu’une sortie aujourd’hui soit un peu trop tôt.
Après son séjour dans les annexes, je pense bien que vous pourrez l’avoir chez vous.
Blois.- Institution Sainte-Geneviève. Cour d’entrée.- 6 Fi 18/406. AD41
Votre proposition généreuse d’une baignoire, avec son chauffe-bain, me séduit tout à fait. Ce serait pour l’hôpital Sainte-Geneviève, car ici il ya l’installation des bains de l’école qui est suffisante. Voulez-vous bien me dire comment est le chauffe-bains ? S’il faut un dégagement dans une cheminée ? J’ai trouvé l’emplacement convenable, mais il n’y a pas de cheminée.
Merci, encore une fois, cher Monsieur, de votre grande bonté pour nos malades que je vais signaler à notre Comité.
Croyez - cher Monsieur – à mes sentiments les plus distingués et bien cordiaux.
Signé : Docteur Ansaloni. »
Vers 4 heures je vais, à la gare, dire adieu à Manière, qui part pour le dépôt de Romorantin ; il a eu doigt coupé et en souffre beaucoup ; il va passer un conseil de réforme et espère rentrer dans ses foyers.
[1] de Saint-Gaudens (Haute-Garonne)
[2] de l’Yonne
[3] de l’Ariège
[4] de Lille (Nord)
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