• 26 décembre 1914

    26 décembre

    « Savez-vous que Mgr a été à Salonique, m’écrit ce matin Madame Masquelier d’Aigremont - nièce de Mgr Bolo. Il a failli revenir à Toulon mais - au dernier moment - un télégramme a changé leur direction. Il se plaint beaucoup de ce que tous les colis envoyés par chemin-de-fer sont volés ; ceux expédiés par la poste arrivent. Je lui avais envoyé du vin blanc et je crois qu’on l’aura bu à sa santé en cours de route ! »

    D’une lettre que je reçois de René Arnol[1],  attaché à la direction de l’Intendance de la 5e région, à Orléans, j’extrais les passages suivants :

    « Cher Monsieur Paul.

    Si je suis resté dans l’ombre, ce n’est point que je vous oubliais et je suis heureux que ce soit un mot de vous qui me fasse sortir de l’obscurité.

    … votre lettre m’a fort intéressé et hélas ! combien tristement.

    Nous avions encore des doutes sur la mort de l’abbé Martin, la lettre de l’abbé Perly ne permet plus d’hésiter, pas plus qu’au sujet de Charles Leguéré.

    J’ai reçu hier une lettre que je lui avais écrite le 18 août, avec cette mention : « Le destinataire n’a pu être rejoint en temps voulu. »

    C’est profondément triste tout cela !

    Vous savez sans doute que maintenu à un premier Conseil dans l’auxiliaire, je viens d’être proposé à un second pour le service armé. Une commission définitive statuera dans quelques temps.

    Et maintenant je vous souhaite de passer une bonne fête de Noël, et je vous envoie mes meilleurs vœux à cette intention. Je la passerai cette année à Orléans et c’est bien juste, si je pourrai assister à la grand’messe.

    Je suis déjà obligé de vous quitter, tant le travail presse à la direction.

    Malgré mon silence, croyez-moi toujours votre très affectionné.

                                          « Signé : René Arnol. »

    Je suis convoqué, ce soir à 4 h, au cabinet du juge d’instruction, au palais de justice, pour la plainte que j’ai portée contre le Sieur Champeaux, auteur responsable de mon accident.

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    Blois.- Palais de justice.- 6 Fi 18/405. AD41

    Le juge d’instruction me lit la déposition de Champeaux, entend la mienne, la dicte à son secrétaire, et je la signe.

    L’affaire de Champeaux est claire, ou plutôt elle ne l’est pas ; mais je veux dire qu’il est assuré d’être condamné. Le triste bonhomme ! Il vient parler de lampion, alors qu’il n’avait aucune lumière ! C’est ce que nous verrons !…

    [1] L’abbé René Arnol, élève à l’école de théologie de Blois