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  • Riches et pauvres à Saint-Agil en 1741

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    Le mendiant. Dessin de R. Guillon, curé de Bracieux, sur la couverture d’un registre paroissial, 1785.

    AD41 : F 670

    Les Archives départementales ont fait l’acquisition en vente publique d’un document exceptionnel : une liste des habitants pauvres de la paroisse de Saint-Agil et des habitants plus aisés qui leur viennent en aide. Cette liste permet de connaître le nom d’une partie des habitants de Saint-Agil, à une époque où les recensements nominatifs n’existent pas encore.

     

    En application d’un arrêt du parlement de Paris du 30 décembre 1740 qui tente de réprimer la mendicité, les habitants de Saint-Agil se réunissent le 22 janvier 1741 à l’issue de la grand-messe. Ils dénombrent dans leur paroisse 140 pauvres, auxquels les plus fortunés donneront 8 sols par semaine ou 4 livres de pain. Le « rolle » des pauvres se décompose en deux parties :

    • tout d’abord, la liste des paroissiens riches avec les pauvres dont ils assurent la subsistance et à quelle importance ; ces paroissiens aisés représentent environ une centaine de personnes ;
    • puis la liste des 140 pauvres ainsi que leur lieu de résidence : le bourg de Saint-Agil, les fermes et hameaux de la paroisse.

    Ce cahier de 36 pages permet ainsi de connaître le nom d’environ 40 % des habitants de la paroisse qui compte alors 140 feux fiscaux, soit à peu près 600 personnes, à une époque où il n’existe pas encore de recensement de la population.

    Parmi les habitants les plus démunis, on trouve sans surprise des veuves et des orphelins, mais aucune population errante, mendiants ou vagabonds. Parmi les plus aisés, le curé Louis François Vaudecranne prend à sa charge 8 pauvres, madame Angran châtelaine de Saint-Agil 14 personnes, Marin Boudet son concierge vient en aide à 3 enfants dont les frères et sœurs sont déjà secourus par madame Angran, l’abbesse de Saint-Avit de Châteaudun dont dépend le prieuré de la paroisse, contribue pour 13 pauvres. Certains soutiennent même un « demi pauvre » qui se retrouve ainsi secouru par deux personnes.

    L’arrêt du Parlement précisait que l’aide devait durer jusqu’à l’été 1741. Si Saint-Agil l’interpréta de façon généreuse, l’esprit dans lequel l’arrêt avait été pris, qui assimilait pauvres et vagabonds, considérés comme potentiellement dangereux, demeure jusqu’à la fin du XIXe siècle. Il semble ainsi que l’arrêt de décembre 1740 ait été peu appliqué et les textes de loi qui tentent de réprimer la mendicité sont nombreux tout au long de cette période.

    En dehors d’un témoignage rare sur la perception de la pauvreté sous l’Ancien Régime, ce document apporte aussi de précieuses informations sur les habitants de Saint-Agil, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

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