Le collège de Pontlevoy, fondé en 1644 par les religieux de la congrégation de Saint-Maur au sein de l’abbaye Notre-Dame, est longtemps resté le plus prestigieux établissement d’enseignement privé du département. Ce qu’il subsistait des archives administratives du collège a été déposé aux archives départementales en 2001, mais l’activité pédagogique de l’établissement reste mal connue, faute de documents conservés.

Les archives départementales ont donc récemment acquis un cahier d’élève, appartenant vraisemblablement à Louis Carles de Carbonnières, intitulé « Philosophie et histoire de la philosophie ». Daté de l’année scolaire 1839-1840, il nous permet de mieux connaître l’enseignement dispensé au collège à cette époque.

Conduit tout au long de l’année par Marie Stanislas Rattier (1793-1871), professeur de philosophie à Pontlevoy depuis 1835 et futur directeur, le cours se divise en plusieurs parties : introduction à la philosophie, psychologie, logique, théodicée, morale, histoire de la philosophie. Cette dernière partie est la plus importante en terme de volume. On y aborde la philosophie depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle dans de nombreuses cultures (Inde, Chine, monde arabe, etc.). La philosophie grecque occupe naturellement une place de choix, aux côtés des philosophes chrétiens des périodes médiévale et moderne. La théodicée, ou théologie naturelle, présente les arguments physiques et métaphysiques de l’existence de Dieu, à la différence de la théologie sacrée qui s’appuie sur les textes de la révélation.

On retrouve dans l’organisation de cet enseignement les grands principes de l’école éclectique développée par le philosophe Victor Cousin dans les années 1820-1830. C’est d’ailleurs sur un éloge de cet homme que se clôt le cours d’histoire de la philosophie, qui conclut ainsi : « l’école éclectique composée en général d’hommes de talents a contribué à discréditer le matérialisme, relégué aujourd’hui dans la tête de quelques médecins et sur les bancs de quelques amphithéâtres ».