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Document du mois d'octobre 2018 - Un soldat américain en Loir-et-Cher 100 ans après !
Il y a 100 ans, l’offensive Meuse-Argonne fut la dernière mais aussi l’attaque la plus meurtrière de la première guerre mondiale. Le corps expéditionnaire américain y fut très impliqué. Du 26 septembre au 11 novembre 1918, 26 000 soldats américains furent tués et une centaine de milliers d’autres blessés ; parmi ceux-ci figurait le lieutenant Robert Fletcher, touché aux jambes par des éclats d’obus.
Suite à ses blessures, il fut conduit à Blois pour être pris en charge par le personnel médical militaire américain. Le département de Loir-et-Cher, de par sa situation géographique, faisait en effet partie des zones choisies par l’armée américaine pour y aménager des hôpitaux temporaires. C’est à Blois, à l’Hôtel-Dieu où le personnel provient de l'Université Emory à Atlanta, avec plus de 100 nurses (infirmières), que Robert Fletcher fut soigné et fit la connaissance de Suzanne Raguin.
Née Baudoin, Suzanne Raguin, épouse du maire de Saint-Georges-sur-Cher, se distingue dès le début de la première guerre mondiale en s’engageant comme infirmière bénévole à l’Union des Femmes de France. Elle est l’unique infirmière française autorisée à collaborer avec les nurses américaines à Blois en 1918 et 1919. L’engagement de Mme Raguin auprès du corps médical américain permet de pallier le manque de préparation et de pratique des infirmières américaines confrontées pour la première fois aux blessures de guerre. Selon plusieurs témoignages, elle est « non officiellement mais réellement » chargée du corps des nurses et les médecins écoutent ses suggestions et généralement agissent suivant ses conseils. C’est ainsi qu’elle insiste auprès des chirurgiens américains pour amputer les deux jambes du lieutenant Fletcher, atteintes de gangrène, et lui sauve ainsi la vie. S’ensuit une relation très proche entre le soldat et [sa] « petite maman » dont témoigne la correspondance de Suzanne Raguin conservée aux archives départementales de Loir-et-Cher. En 1920, elle entreprend un voyage aux États-Unis afin de visiter le corps médical américain et les soldats qu’elle a soignés, en particulier Robert Fletcher.
Récemment, la fille du lieutenant Fletcher décédé en 1947, s’est rendue aux Archives départementales accompagnée de son époux. Ils furent très touchés de lire l’abondante correspondance envoyée par celui-ci à Suzanne Raguin. Ils enquêtent depuis la fin des années 1990 sur l’histoire de ce père et sur cette infirmière française dont le souvenir perdure dans la famille : jusqu'à son décès en 1972, Mme Raguin écrivait souvent à la veuve Fletcher et envoyait régulièrement des cadeaux à sa fille. Cet intérêt est relancé par la redécouverte dans leurs archives familiales de la version anglaise de la visite en Amérique de Suzanne Raguin, transcrite et remise par elle à la famille Fletcher. Le couple a entrepris depuis de retrouver les familles des soldats américains soignés par l’unité médicale de l'Université Emory et de faire connaître le récit de Suzanne Raguin aux États-Unis.
POUR EN SAVOIR PLUS
Vous pouvez venir consulter le fonds de Suzanne Raguin aux archives départementales à partir de janvier 2019. Son fonds d’archives contient le récit de ce séjour. Il contient aussi le récit dactylographié de son activité pendant la Première Guerre mondiale intitulé « Pourquoi j’ai été infirmière », ainsi que des photographies et la coupe offerte par les soldats américains de l’hôpital de la base 49 en 1920 (Fonds Suzanne Raguin : cotes F 1451-1467 ; 11 Fi 1548-1551 ; Obj 6).
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A voir aussi
A consulter ailleurs
- Consulter l'article de La Nouvelle République, du 30 septembre 2018, sur la venue de la fille de Robert Fletcher aux archives départementales.
- Plus d'informations sur les commémorations de la bataille dans l’article du journal Le Monde « Il y a 100 ans, les États-Unis menaient leur bataille la plus meurtrière en France » du 23 septembre 2018.