• Lettre F comme.... Fréteval !

    FRAD041_71_Fi

    Philippe Auguste sur une « image » Poulain. ADLC : 71 FI.

     

     

    C’est en Loir-et-Cher que s’est déroulé l'événement fondateur des archives en France.

    A l’été 1194, le roi Philippe Auguste perd ses archives dans la bataille de Fréteval face à Richard Cœur-de-Lion. Car la monarchie française est alors itinérante, et le roi un baron guère plus puissant que les autres qui doit défendre ses terres face aux possessions des rois Plantagenêts d’Angleterre, de la Normandie à la Guyenne. Fréteval, une forteresse de marche à la lisière des possessions du comte de Blois, vassal du roi de France, et de celles des Plantagenêts, se trouve sur le chemin d‘une de ces chevauchées guerrières qui constituent l’essentiel des opérations du conflit.

    Le  chapelain de Philippe-Auguste, Guillaume Le Breton, raconte la scène, dans la Philippide :

    « Entre Fretteval et le château de Blois, est un lieu peu célèbre nommé Beaufour, perdu en quelque sorte au milieu des bois, et enfoncé dans de noires vallées. Le roi était par hasard en ce lieu avec ses barons; et vers le milieu de la matinée, il prenait son repas, tandis que les troupes cheminaient avec les chariots et les chevaux chargés d'armes, de vases et de toutes les autres choses nécessaires pour l'usage d'un camp. Tout à coup, le roi des Anglais s'élance du sein de sa retraite, et disperse facilement ce peuple désarmé et tout chargé de vivres et d'effets : il tue, emmène, enlève les chariots, les bagages, les chevaux, les corbeilles et les vases des cuisines et des tables, vases que l'or et l'argent rendaient éclatans et plus précieux que tous les autres. Le ravisseur n'épargna pas davantage les petits tonneaux tout remplis d'écus, non plus que les sacs qui renfermaient les ornemens, les registres des impôts et effets ; et le roi éprouva une perte si considérable en ce lieu, que l'on pourrait croire que ce village avait réellement reçu son nom de la guerre et de la fraude. »

     

    Fréteval fut une bataille sans conséquences militaires. En revanche, c’est à partir de ce moment que le roi de France décide de laisser à Paris ses chartes, documents juridiques qui fondent ses droits. Établi au Louvre d’abord puis à la Sainte-Chapelle, le "Trésor des chartes" constitue le fondement des futures archives du royaume que "nationalisera" la Révolution française par la loi du 7 messidor an II (25 juin 1794).

    Lire la Philippide dans Gallica : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb37299748n