Auteur notamment de nouvelles, Jules Verne a publié dans la revue Musée des familles en 1851, « Un voyage en ballon », développé dans le roman Cinq semaines en ballon, voyage de découvertes en Afrique par trois Anglais publié en 1863, et publié dans un recueil de nouvelles de jeunesse de l’auteur en 1874 sous le titre : Un drame dans les airs.
Alfred Guesdon, Blois. Voyage aérien sur la Loire et ses bords, [ca. 1848].
Lithographie.
ADLC 33 Fi 621
La gravure fournit une vue aérienne singulière de la ville et du pont Jacques Gabriel sur la Loire avec des détails du centre historique et du quartier Vienne, avant l’urbanisation du plateau autour de la grande avenue de Paris, aujourd’hui avenue Maunoury. Le raffinement et la précision du trait se révèlent grâce à des vues de détail. L’absence de la Halle aux grains (inaugurée en 1850), la figuration de l’ancien palais de justice, détruit en 1849, l’arrivée du chemin de fer, en 1846, et l’embarcadère, achevé en novembre 1847, permettent de dater approximativement la gravure. Elle a été « dessiné[e] d’après nature par Guesdon ». Alfred Guesdon (Nantes 1814-1876) s’est spécialisé dans les dessins de villes à vol d’oiseau. Il est l’auteur des séries « Voyage aérien » en France, puis a continué en Europe : « L’Espagne à vol d’oiseau », « L’Italie à vol d’oiseau », puis en Suisse et en Belgique.
Une variante de cette lithographie Blois en ballon, avec un aérostat se détachant juste au dessus de la ligne d’horizon (conservée au musée des Beaux Arts de Blois) est due à Jules Arnout, qui a souvent réalisé des lithographies d’après les dessins d’Alfred Guesdon.
Il est tentant de rapprocher la gravure de la ville et le document signé par Jules Verne, sans relation entre eux sinon par un lien intellectuel, et d’associer la venue de l’écrivain en 1859 pour le mariage de son frère avec cette vue de Blois, cadrant avec la quête, bien dans l’air du temps, de progrès dans les domaines techniques, de maîtrise et de conquête de nouveaux espaces, qui ira en s’amplifiant au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. L’architecture, avec les styles néo-gothique, néo-Renaissance et néo-classique, va traduire cette volonté d’ancrage pour mieux se projeter dans l’avenir en revisitant le passé, afin de préparer les enjeux cruciaux des décennies et du siècle à venir, le passage à la modernité.
Avant d’être popularisé par Félix Nadar, auteur de la première photographie aérienne depuis un ballon captif, ce point de « vue d’en haut » connaissait déjà une certaine vogue, permettant de révéler des aspects ignorés sur les cartes ou plans de ville. Ce sont d’ailleurs les aventures en dirigeable du photographe Nadar qui donnèrent à Jules Verne l’inspiration de son roman, Cinq semaines en ballon.