Ordonnances faites par sa majesté le roy de Pologne pour estre observées dans sa cour à Chambort
Sa majesté souhaittant que ce nouvel établissement soit fondé sur le service régulier de Dieu ; touttes les communautés doivent avoir sa gloire pour principal objet et afin de s’attirer la ste bénédiction et sa divine miséricorde : sa majesté exhorte chacun de sa cour en charité chrétienne et ordonne générallement à tous sans aucune exception d’obéir aux règlements suivants.
Chaque jour le p. Golemouschy dira la messe dans la chapelle du château à seix heures du matin pour tous les gens de cuisine afin qu’après ils ayent le temps de faire leurs fonctions. Le maître d’hôtel s’y trouvera et répondra de deux qui n’y trouveront pas et qui seront pini comme il sera dit cy après : les mesmes gens de cuisine se trouveront tous à la prière du soir.
A huit heures, le p. Charles Marie dira la messe pendant laquelle le p. Agatange récitera les prières lesquelles tous les assistants écouteront avec attention pour entrer dans le sens des mistères de la ste messe et participer au fruit de ce st sacrifice : à cette messe toutte la cour depuis le premier jusqu’au dernier se trouvera sans exception de rang ny de sexe ; le père se tiendra à la porte en récitant les prières afin que tout le monde l’entende : le controlleur général y assistera et selon la liste des personnes de la cour observera et marquera les absents et tiendra un compte exact de touttes les fois que quelqu’un ne s’y trouvera pas qui sera taxé de donner pour chaque fois vingt sols aux pauvres qui seront selon le compte du controlleur général rabbatu sur les gages, à moins qu’on ait une raison valable de ne s’y point trouver : en ce cas on exposera ses raisons au controlleur général pour n’être pas marqué : le controlleur général se souviendra quand on payera les gages aux domestiques de faire retenir leurs absences pour en faire une messe et la distribuer aux pauvres selon la disposition du p. Golemouschy qui scaura appliquer les aumônes : on oblige le controlleur général sur sa conscience à une exact et fidelle observation à laquelle si il contrevient il remboursera du sien et s’attendra à la disgrâce du roy.
La troisième messe du p. Agatange se dira à onze heures ou à la commodité de la reine à cinq heures du soir touttes les personnes de la cour se trouveront à la chapelle pour assister à la prière du soir : le controlleur général fera les mesmes observations et les absents seront taxés à dix sols touttes les fois qu’ils ne s’y trouveront pas.
Touttes les personnes de la cour sans exception seront obligés de se confesser et de communier quatre fois dans l’année, scavoir le premier jour de l’an, à Pasque, la visitation de la ste Vierge 2 juillet et la nativité de la ste Vierge 8 septembre : la veille de ces jours on s’assemblera dans la chapelle après la prière du soir pour y entendre une petite exhortation qu’un des deux pères capucins fera sur la confession et la communion afin de s’y préparer, le père Agatange récitera une prière avant la confession et ensuitte on se confessera : le lendemain jour de communion avant d’approcher de l’autel, le p. Agatange récitera une prière et on communiera ensuitte et rien n’étant plus agréable à dieu que de faire des dévotions en commun selon que cela s’est observé dans les anciennes familles ; si quelqu’un n’est pas en état d’approcher de ce redoutable mistère il dira ses raisons à son confesseur, lesquelles jugeant valables avertira le controlleur général afin qu’il ne soit point marqué ; mais celuy qui y manquera par désobéissance on rabbattera vingt francs sur ses gages qu’on mettra dans la masse à l’usage des pauvres.
Bien entendu qu’à Pasque comme c’est un précepte positif de l’église personne n’est dispensé de se confesser et de communier et on avertit que celuy qui y manquera ne sera pas souffert à la cour.
Tous les vendredys on fera dans la chapelle une queste pour les pauvres, à celle là personne n’est obligé que par la charité chrétienne et selon sa dévotion.
De plus comme sa majesté ne veut absolument souffrir aucun vice dans sa cour, touttes les personnes sont averties que les débauches avec les femmes, les yvresses et d’autre nature seront sévèrement punis selon la justice que monsieur le maréchal tiendra une fois la semaine pour la pureté des mœurs et l’extirpation des crimes ; sur quoy les pères aumôniers seront obligés par conscience d’avertir sa majesté sans aucun respect humain, si ils s’apperçoivent du moindre scandale qui pourrait offenser la justice divine.